Clothaire le chevalier mal luné
Ce matin là, Clothaire le plus jeune des fils du seigneur de Bonaguil s’était levé, comme d’habitude, du pied gauche.
De très mauvaise humeur, il se dirigea vers les cuisines du château.
Son frère aîné, Charles, était déjà assis à la grande table où se trouvait un superbe pot de confiture de fraise, la préférée de Clothaire. La vue du pot mit notre jeune chevalier en appétit.
« Bonjour » dit Charles.
« Sors de ma vue » rétorqua Clothaire. Ce pot de confiture m’appartient. »
« Nous pouvons le partager » proposa gentiment Charles…
« Pas question, il est à moi et rien qu’à moi » tempêta l’autre. « À moins que tu veuilles te battre ? »
« Si tu insistes » dit Charles.
Mais, Clothaire, face à son frère aîné bien plus fort et plus grand que lui, baissa les yeux.
« Bah, tu n’es pas assez grand pour moi » lança t’il.
« Dans ce cas, trouve-toi quelqu’un de plus grand ! »
« C’est ce que je vais faire » répondit-il.
« On va voir, ce que l’on va voir. »
Là dessus, il se leva et sortit.
Sur le tas de fumier de la basse cour, un vol de mouches s’agitait. L’une d’elle se posa sur le nez de Clothaire.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » dit la mouche.
« Bah, tu n’es pas assez grande pour moi » et il reprit sa route.
Clothaire arriva, bientôt, dans la grotte où il réveilla les chauves-souris. L’une d’elle se posa sur sa tête.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » dit la chauve-souris.
« Bah, tu n’es pas assez grande pour moi » et il reprit sa route.
D’un pas décidé, Clothaire franchit les escaliers de la tour carrée où il se trouva nez à nez avec le chat du château.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » dit le chat.
« Bah, tu n’es pas assez grand pour moi ».
En haut d’une tour, un vol de pigeon tournoyait. L’un des oiseaux s’approcha et voleta autour de Clothaire.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » dit le pigeon.
« Bah, tu n’es pas assez grand pour moi » et il reprit sa route.
Clothaire continua son chemin et arriva dans les écuries du château.
Face au plus beau et au plus fort cheval de son père, il dit :
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » dit le cheval.
« Bah, tu n’es pas assez grand pour moi » et il reprit sa route.
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Toujours de très mauvaise humeur, il remonta l’escalier à vis de la grosse tour et arriva sur le chemin de ronde. Il se retrouva devant Childebert, le plus redoutable et courageux chevalier de son père.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
« Si tu insistes » répondit Childebert en éclatant de rire.
« Bah, tu n’es pas assez grand pour moi » et il reprit sa route.
Clothaire finit par arriver en haut du donjon. Un dragon se reposait. Il se rua sur le dragon.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
Le dragon ne daigna pas répondre. Qu’importe ! Il n’était pas assez gros de toute façon.
Childebert s’en prit à la queue de l’animal.
« Hé toi, tu veux te battre ? »
Il n’entendit pas de réponse…
…mais il reçu une telle gifle…
Qu’il fut balayé au dessus du donjon et se retrouva dans le beau tas de fumier juste en dessous …
Clothaire, enfin de retour dans la cuisine, était fort mal en point.
« Ah te voilà encore » dit Charles.
« Tu dois avoir faim. Il reste de cette merveilleuse confiture.
« Merci » dit Clothaire qui était très affamé, épuisé et qui sentait fort mauvais… Puis il ajouta :